lundi 19 août 2013

Circulez! Y'a rien à voir !

«Chaque fois que je reviens de l’étranger, je suis frappé par un phénomène purement genevois, explique Marcel Mühlestein. D’un côté, un marquage compulsif de la chaussée. De l’autre, un chaos spectaculaire et une certaine dureté de rapport entre les différents acteurs. Selon moi, l’excès d’indications renforce le sentiment de droit et réduit la notion de responsabilité. Plus il y a de marquage, moins il y a de dialogue. Toute ma démarche consiste à rendre les individus plus créatifs vis-à-vis de leur entourage.»

...J’adhère complètement à cette pensée...quoi que ce ne doit pas être qu'à Genève...

L’homme qui pique-nique sur un parking

Fondue sur un banc public. Le collectif prône le décalage joyeux . (Marcel Mühlestein)
Fondue sur un banc public. 
Le collectif prône le décalage joyeux
. (Marcel Mühlestein)
A Genève, Marcel Mühlestein propose des agapes dans des lieux insolites. Rencontre avec un géographe poète
Une âme de rêveur dans un corps de trappeur. Marcel Mühle­stein, 2 mètres de force tranquille, met tout son poids dans la lutte pour plus de légèreté. Genève étouffe sous la densité du ­trafic? Le performeur urbain crée depuis dix ans des parenthèses oxygénées. Ici, un pique-nique dans une place de parking, là, une critical glass, verrée spontanée à même la chaussée sur le modèle de la Critical Mass, rassemblement massif de vélos un vendredi soir par mois. Le colosse, qui travaille dans la mobilité douce, n’a rien contre la voiture. Il observe simplement que le rapport de force n’est pas équitable entre les engins cuirassés et les autres usagers, moins rapides, plus exposés. Un justicier dans la ville, alors? Oui, mais avec la fleur au fusil, sourit-il, façon Charlie Chaplin ou Jacques Tati.
En matière d’urbanisme, l’homme a des références. Après une année de chinois à l’université, Marcel Mühlestein s’est dirigé vers la géographie, «la discipline qui inclut toutes les autres puisqu’elle traite de l’homme dans son environnement. On peut aller loin avec ça!». Sa destination? La mobilité douce, qu’il a préférée à l’eau salée, malgré son physique de Viking hérité de sa mère suédoise.
En 2003, le géographe entre au Service d’aménagement urbain de la Ville de Genève, où il organise pendant quatre ans la Semaine de la mobilité, «vitrine artistique et divertissante de toutes les alter­natives à la voiture». Il y vante ­notamment les mérites du Pédibus, ramassage scolaire pédestre qui permet aux enfants d’aller à l’école en toute sécurité. Il fait aussi la promotion des vélo-taxis, rickshaws locaux dont les six exemplaires en fonction aujour­d’hui roulent à l’électricité. Il fa­cilite encore la mise sur pied des «lundis-roller», libre déambulation des patineurs, un soir par mois. Autant d’initiatives homologuées et encouragées par les autorités.